Autour du projet du collège

Par Jerome Tupin, publié le jeudi 19 décembre 2019 08:07 - Mis à jour le jeudi 4 mars 2021 12:21
Le monde dans la main
Ce qu'est la vie au collège

Pour nos élèves, le collège est avant tout un lieu de transition : entre la famille, les amis, et la société, entre l’enfant et l’adulte, entre le foyer et le monde. Le changement est intimement lié au collège, et avec lui une certaine forme d’instabilité.

 

Ce qu’on apprend dans les cours

Cette transition suppose que les apprentissages qui sont ceux du collège ne sont pas, a priori, ceux dont on a besoin en famille : Littérature, mathématiques, langues étrangères, etc. Tous ces enseignements ne sont pas destinés à vivre en famille mais bien à préparer les enfants à « aller dans le monde ». Parmi les enfants scolarisés actuellement au collège, neuf sur dix passeront le bac et un sur deux continuera ses études trois ans après le bac. Parce que les métiers, les attentes de la société ont changé, la nécessité d’acquérir une culture savante est devenue fondamentale pour tous. Elle est une condition de la démocratie : c’est le premier enjeu du collège.  

 

Ce qu’on apprend dans la cour

Cette transition est aussi  synonyme de changement et donc de déséquilibre. Ce qui était simple dans le cadre de la famille, ou de la classe en primaire, devient plus compliqué, plus confus dans le cadre du collège qui voit se multiplier les interactions entre les enfants. Avec cette multiplication des interactions, se multiplient aussi les occasions de conflits : Ils sont inévitables et vous en vivez les échos jusqu’au cœur des familles.

Disputes, ruptures, amours et désamours, sont le lot quotidien de la vie scolaire dont le rôle est avant tout de permettre aux enfants d’apprendre à vivre ensemble «à la façon des adultes » c’est-à-dire dans l’échange, le dialogue, et l’écoute. En laissant derrière eux la violence de la « cour de récré », les enfants accèdent au rang de citoyen et deviennent des adultes, capables d’exprimer leur point de vue, leur accord ou leur désaccord en dehors de toute violence. C’est là le deuxième enjeu du collège. Dans cette perspective, la violence physique est la limite qui ne peut être franchie. Quant à la violence verbale, bien présente au collège, elle doit être surveillée, apprivoisée, canalisée, avant qu’elle ne devienne, harcèlement, humiliation, ou haine de l’autre.

 

A cet effet, nous passons beaucoup de temps à rappeler aux enfants la présence « dans le monde » d'autres êtres humains qu’eux même. Qu'ils doivent parler moins fort, qu'ils doivent laisser des zones physiques de vide entre leur corps et celui des autres, qu’on a le droit d'exprimer ses émotions mais que pour autant ils doivent apprendre à les contrôler pour respecter les gens qui les entourent, que leur liberté connait une limite : la liberté des autres. Que même si tous sont importants pour nous, aucun n’est pour autant le centre de l’univers, et que chacun a droit à sa part d’attention. Que leurs actes, ce qu’ils expriment, a un impact sur les autres qui sont aussi des personnes sensibles au même titre qu’eux.  Et nous devons faire vivre le paradoxe qui fait que quand certains sont encouragés à laisser de la place, d’autres sont poussés à en prendre : ce n’est facile ni pour les uns, ni pour les autres.

 

Comment nous y prenons nous ? Nous parlons avec les enfants. Tous les enfants ! C’est la mission immense du CPE mais au-delà, de tous les adultes du collège. Nous échangeons et nous leur donnons la possibilité d’échanger, avec nous et entre eux. Nous les accompagnons pour mettre des mots sur les actes, pour donner du sens à ce qu'il leur arrive. Et plus les enfants sont habitués à parler avec les adultes, plus il devient facile de régler les conflits. Cette habitude  est bien sûr d’abord prise en famille, dès le plus jeune âge.  La lecture, l’étude, studieuse et attentive, participent aussi de cet apprentissage. Pour ceux qui se posent la question de savoir à quoi nous occupons nos journées je n’ai qu’une réponse : nous prenons le temps d’écouter et quand nous le pouvons de rechercher des réponses.

En matière d’éducation il n’y a pas de baguette magique, les choses prennent du temps: temps de grandir, de murir, de comprendre. Et quand, parfois, une punition vient sanctionner une attitude, c’est avant tout pour marquer une limite, permettre de tourner la page et de continuer à grandir. Nous faisons ce travail. Nous aidons les enfants à relativiser et à tourner la page, mais rien ne peut remplacer la parole des parents qui tout à la fois, disent la limite, et relativisent l’importance de la punition. Ce pari de la confiance, c’est celui que nous faisons, vous et nous, au quotidien. C’est le pari qui dit « la maison n’est pas l’école, mais à la maison comme à l’école, nous savons que nos valeurs sont partagées et que l’éducation des enfants prime ».

 

J’ai souhaité partager avec vous ces réflexions sur le collège pour dire combien importante est la présence des parents à nos côtés. Premiers éducateurs de votre enfant, votre parole est fondamentale. L’éducation est un métier difficile. Certains le disent impossible. Parents, enseignants, nous en avons douloureusement conscience. Mais nous ne renonçons pas et c’est dans la certitude que nous faisons de notre mieux que nous puisons la force, année après année, d’aider à grandir les enfants qui nous sont confiés.

J. Tupin

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